lundi 6 juin 2011

L'énergie de la totalité avec Yolande Duran-Serrano


D'où l'énergie toujours disponible ?
Oui. Il me semble que la fatigue, cette déperdition d'énergie qu'il y avait avant, vient de ce qu'on s'identifie à cette agitation. On croit à ses pensées. On est partie prenante, d'accord, pas d'accord, anxieux, réactif. On veut, on ne veut pas, on prévoit, on suppute. On est acteur du film. Là, on est spectateur. On voit le déroulement : celui du « dehors », les gens, les évènements qui passent, et celui du « dedans », les pensées, les émotions qui passent aussi, de la même façon. Il n'y a pas un « je » pour dire « je suis cette pensée »,  « je suis cette émotion ». Il n'y a pas d'enjeu. Alors il n'y a pas non plus de perte d'énergie.
Et puis, il y a cette saveur du silence... Une douceur qui est là, en continu. Il n'y a plus cette voix qui te juge, te condamne, te soumet, te fatigue. Il n'y a plus cette souffrance, ces pensées qui te somment d'exister. Et même si, de temps à autre, une pensée apparaît, elle est si douce... elle te rend légère.


Dans cette légèreté, et dans l'instant, comment tout t'apparaît-il ? Toi, l'autre, l'objet, l'événement ?...
Pour moi, ce basculement, c'est le sujet qui se fond à l'objet, la vision qui devient globale. C'est l'apparition de ce qui est à l'avant-plan, de cette vision qui est toute pure. Ce n'est plus tu écoutes : ce n'est plus qu'écoute, parce que dans cet espace tout se fond, tout fusionne au second plan. Ça a basculé... Moi je le perçois comme ça. Oui, pendant 40 ans il y avait le sujet, il y avait l'objet, et une relation entre les deux. Et tout d'un coup, pffft ! le sujet se confond avec l'objet ; à cause de cette apparition, de cette chose à l'avant-plan, la mémoire, la personne se fond dans la totalité de l'instant manifesté.